Tom Thomas : Conscience et lutte de classe (2005)

Publié le par Tom Thomas

La crise du capitalisme, commencée il y a une trentaine d’années, seulement ralentie, un temps, par la mondialisation libérale, s’accélère de nouveau à l’aube du 21ème siècle. Il devient patent que « ceux d’en haut ne peuvent plus » la juguler, malgré l’exploitation chaque jour brutalement renforcée des prolétaires. Déjà Mitterand avouait : « on a tout essayé ». En vain ! Etalant à la fois leur incompétence, leur corruption, leur despotisme, et leurs rivalités, les « élites » politiques, médiatiques, politiques, qui règnent sans partage, sont déconsidérées.

 

Pour autant la situation n’est pas encore révolutionnaire, car « ceux d’en bas » restent dispersés et désorganisés, n’ayant pas encore reconnu des objectifs communs les unissant dans une lutte commune. Autrement dit les prolétaires n’existent pas encore comme classe, unis comme sujet agissant collectivement contre la bourgeoisie.

 

Beaucoup affirment que cette inexistence est due aux énormes moyens dont dispose la bourgeoisie – qui, elle, existe comme classe à travers son Etat – pour imposer la domination de son idéologie. Cela est, certes, un fait indubitable, mais néanmoins une explication insuffisante. C’est que cette idéologie puise aussi sa force dans une réalité, celle des rapports d’appropriation capitalistes tels qu’ils se montrent « à la surface », dans la vie quotidienne. Ces manifestations apparentes – ou fétichismes, selon le mot de Marx – ont beau masquer l’essence de ce qu’elles montrent, elles n’en sont pas moins réelles, et vécues alors comme la réalité toute entière.

 

Puisque l’idéologie dominante a ainsi une base « matérielle », il en résulte que « l’arme de la critique » est insuffisante à la vaincre. Elle ne peut l’être que dans le même mouvement qui abolira cette base qui la produit nécessairement. Donc par une révolution sociale, qui est tout un procès historique dont le renversement de l’Etat bourgeois (une révolution politique) n’est qu’un moment indispensable. C’est une « critique par les armes » qui produira la conscience révolutionnaire, et, en même temps, le prolétariat s’affirmant d’abord comme classe pour pouvoir s’abolir.

 

Analysant alors les conditions de cette constitution des prolétaires en classe, l’auteur en conclut à la nécessité d’une organisation spéciale, un parti, formalisant et représentant leurs intérêts généraux, « cerveau collectif » en même temps qu’Etat Major de combat. Il montre que cette organisation est, par essence, contradictoire : à la fois une arme décisive et indispensable pour les prolétaires, mais pouvant se retourner éventuellement contre eux, comme l’histoire l’a si souvent montré. Ce qui n’est pas une raison suffisante pour y renoncer.

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