1-3 : mystification du capital comme sciences techniques et machinerie

Publié le par Tom Thomas

Les formes concrètes du fétichisme de la marchandise se développent et se diversifient en même temps que celles des rapports sociaux capitalistes qui les génèrent. Dans un premier temps (époque des manufactures et des débuts industriels) ces rapports opposaient (et réunissaient) un propriétaire privé des moyens de production et une main d’œuvre dont le savoir-faire constituait, avec la matière première, l’essentiel des conditions de la production. Forte de cette propriété du savoir-faire cette main d’œuvre disposait d’une puissance particulière face au patron. Celui-ci, à ce stade de la domination dite formelle du capital, devait donc user de mesures ouvertement despotiques, de règlements de fabrique draconiens, appuyés par des lois draconiennes (comme par exemple le livret ouvrier, la répression brutale du « vagabondage », l’interdiction de toute association), pour étouffer la liberté proclamée de l’ouvrier, le river à son poste et le contraindre au travail.

 

Néanmoins, cette première forme de travail collectif à grande échelle accroît déjà beaucoup l’efficacité du travail ouvrier par le seul effet de l’organisation combinée de tâches spécialisées. Il ne s’agit certes encore pour l’essentiel que de « coopération simple », combinaison des travaux dans une situation « où le capital opère sur une grande échelle, mais sans que la division du travail ou l’emploi des machines y jouent un rôle important »[1], du moins relativement à ce qu’il deviendra plus tard. Mais comme le capitaliste est l’organisateur de cette coopération, le promoteur de ces nouvelles méthodes de travail, il est dès lors perçu comme le créateur de l’efficacité accrue qu’elles procurent à la production. Le capital en général semble être la cause de ce progrès, puisqu’il se généralise avec lui, et non la puissance du travail socialement combiné lui-même, dont il bénéficie ainsi gratuitement, qu’il s’approprie comme son produit. Ainsi la force sociale de leur coopération apparaît aux ouvriers comme « la puissance d’une volonté étrangère qui soumet leurs actes à son but »[2] parce qu’ils ne sont pas en situation de l’organiser eux-mêmes, qu’elle ne leur appartient pas. Elle leur apparaît comme le produit du travail du patron et de ses aides, bien que ce travail soit pour l’essentiel simplement de « surveillance immédiate et assidue des ouvriers », de l’exercice du despotisme de fabrique (fonction qui sera plus tard, comme nous allons le rappeler, transférée aux machines elles-mêmes), et, au total, comme une qualité du capital.

 

Cette idée que le capital serait « doué par nature d’une force productive qui lui serait immanente »[3], et, plus généralement, que le progrès serait immanent au capital, reçoit une force démultipliée avec les développements menant au capitalisme moderne. Aiguillonnés par la nécessité où ils sont de rechercher le profit maximum, les fonctionnaires du capital n’ont eu de cesse de perfectionner les machines pour augmenter la productivité (source de « plus-value extra »[4] pour chaque capital particulier, et de « plus-value relative » pour le capital global lorsque la productivité accrue se diffuse à l’ensemble du système, abaissant ainsi les prix des intrants facteurs de la production). Le rapport social de production capital/travail n’est pas changé quant au fond, mais est transformé dans le sens qu’avec l’importance et l’efficacité sans cesse accrues des machines, ce n’est plus « l’ouvrier qui utilise les moyens de production, mais les moyens de production qui utilisent l’ouvrier »[5] et le dominent. Les pages où Marx a développé les conséquences de ce renversement du rapport de l’ouvrier aux moyens de son travail sont aussi nombreuses que puissantes et indiscutables. J’en citerais de nombreux passages, pour en fixer l’essentiel, car personne n’a jamais mieux dit que lui sur ce sujet.

 

Ce sont les produits du travail des générations passées qui, en leur qualité de capital, se dressent devant l’ouvrier comme puissances le dominant. Pas seulement « des objets…mais encore les formes sociales du travail qui se présentent comme formes de développement du capital, si bien que les forces productives ainsi développées, du travail social, apparaissent comme forces productives du capital… »[6]. Le travail socialement combiné dans la coopération, l’utilisation d’énergies nouvelles toujours plus puissantes, l’enrôlement systématique des sciences pour développer nouveaux produits et nouvelles machines, « tout cela s’oppose à l’ouvrier individuel comme quelque chose qui lui est étranger, et existe au préalable sous forme matérielle ; qui plus est, il lui semble qu’il n’y ait contribué en rien, ou même que tout cela existe en dépit de ce qu’il fait »[7].

 

Détaillons un peu quelques éléments de ce « tout cela » qui s’oppose à l’ouvrier.

 

La grande industrie a développé une division du travail très poussée en même temps que la concentration des ouvriers. La coopération au sein d’un « travailleur collectif » aussi vaste que segmenté en tâches parcellaires et séparation des fonctions intellectuelles et d’exécution, l’organisation rationnelle des flux, des temps, des postes, y est devenue une tâche très complexe (sans parler de la tâche de surmonter les nombreuses résistances qui s’y opposent), mais elle apparaît dictée par les nécessités des moyens mécaniques utilisés dans l’industrie moderne. Comment se fait-il donc que cette nécessité, qui n’est que sociale, que la conséquence de l’appropriation du produit accumulé du travail social antérieur, se présente ainsi à l’ouvrier comme chosifiée, comme « nécessité technique »[8] ? C’est que le travail relatif à cette nécessité n’existe plus que comme travail passé (mort), fixé dans la machinerie, comme travail concentré dans la science et la technologie, et approprié sous ces formes, par des agents spéciaux, du côté du capital. De tous côtés ces conditions du travail sont donc extérieures à l’ouvrier, à son activité propre, et forment « un organisme de production complètement objectif ou impersonnel, que l’ouvrier trouve là, dans l’atelier, comme la condition toute prête de son travail »[9]. Il n’est lui-même pour rien dans l’existence déjà là de cette condition, mais au contraire sa propre existence dépend qu’il s’y soumette, qu’il devienne un élément de cet organisme de production si puissant.

 

Ainsi, mais avec beaucoup plus d’intensité que dans le cadre de la « domination formelle » du capital, l’efficacité centuplée du travail ouvrier dans la grande industrie lui apparaît comme devant tout au capital (dont la domination est dite alors « réelle ») parce qu’elle apparaît ne lui devoir rien puisqu’il la trouve là devant lui, dans la machinerie, avant de travailler, voire qu’il n’a plus même qu’à mettre en route et à surveiller[10]. Et il le croit et l’accepte d’autant plus facilement que ce capital n’est plus personnalisé dans la figure du patron, mais prend celle, anonyme, impersonnelle et objective, de la science, de la technique, de « l’organisation scientifique du travail » (OST) chère à Taylor et ses émules, ou, pour le dire plus brièvement, de la « technostructure », d’ingénieurs, techniciens, cadres (les ITC), d’ailleurs salariés comme lui. Et s’ils œuvrent consciencieusement à développer la productivité, donc l’exploitation du prolétariat, l’appauvrissement de son travail, et, au bout du compte, son chômage, c’est pour « sauver l’entreprise » et parce que la concurrence y oblige. Ils ne sont que des professionnels consciencieux dont le travail est dicté par les manifestations superficielles (les catégories de l’économie bourgeoise), qu’ils prennent pour l’essence, « de rapports dont ils restent socialement la créature, quoiqu’ils puissent faire pour s’en dégager »[11]. La domination du capital sous sa forme « forces productives », accrue dans la grande industrie au point d’être totale dépossession du prolétaire (ce qu’est aussi le totalitarisme idéologique et politique qui lui correspond dans les sociétés capitalistes actuelles), et jusqu’à son « exclusion » aux marges de la vie, disparaît ainsi derrière l’apparente neutralité objective de ces forces, derrière l’alibi de la science et du progrès technique, de l’économie et de la concurrence (autre puissance extérieure, et autre fétiche, dont nous parlerons au §1.4. ci-après), qui sont des fétiches en ce qu’ils passent pour l’explication alors qu’ils sont à expliquer en tant que simples produits de l’activité des hommes les dominants.

 

Il ne vient donc pas spontanément à l’idée de l’ouvrier, pas plus d’ailleurs qu’à tout autre individu du monde capitaliste, qu’en réalité toute cette machinerie est le produit du travail de ses ancêtres, et que c’est encore, et seulement, dans la mesure où il y a incorporation d’une part gratuite de son travail au produit qu’il y a création de valeur supplémentaire pour le capital. Il est encore moins compris que la science ne tombe pas d’un coup comme le produit de quelques cerveaux géniaux, même si certains individus sont mieux disposés à cette activité que d’autres (ce qui est vrai pour n’importe quelle qualité) et apportent une pierre particulière à son édification, mais est, elle aussi, d’abord constituée du travail social passé accumulé, un « produit du développement historique général dans sa quintessence abstraite….(qui a fait, progressivement,) face à l’ouvrier comme puissance du capital, en se détachant effectivement de l’art et du savoir de l’ouvrier individuel »[12],et en se concentrant parallèlement comme activité intellectuelle réservée à une classe particulière ayant le temps et les moyens de se l’approprier (éducation) et de s’y adonner pour la développer (création). L’individu du système capitaliste ne peut pas voir spontanément que, loin d’être simple technologie, applications des sciences dans la production, la puissance de la machinerie moderne n’est développée qu’en étant appropriée par une minorité et opposée aux prolétaires, se formant face à lui comme le Maître[13], du côté du capital. Elle s’est en effet développée tout particulièrement de telle sorte qu’elle soit un moyen de domination, de despotisme sur l’ouvrier. Moyen particulièrement adéquat car d’apparence purement objective. « Le développement du moyen de travail en machinerie n’est pas fortuit pour le capital, mais il est la réorganisation historique du moyen de travail traditionnel légué par le passé, qui se voit remodelé de manière adéquate au capital. L’accumulation du savoir et de l’habileté, des forces productives générales du cerveau social, est ainsi absorbée dans le capital face au travail et apparaît donc comme propriété caractéristique du capital, et plus précisément du capital fixe. »[14] Bref, « tout cela » qui domine l’ouvrier ne le fait pas en tant qu’objets, incarnant objectivement la science. « Tout cela » ne le domine comme puissance extérieure que parce que les développements des rapports d’appropriation capitalistes l’en ont désapproprié toujours plus. La domination n’est pas due aux machines ou à la science par elles-mêmes, mais à ce rapport social qui les modèlent et les utilisent de manière adéquate au capital. De même pour les catastrophes écologiques et autres.

 

Le capitaliste en tant qu’ « homme aux écus », propriétaire juridique – propriété qui s’assimile à celle du capital financier avec le développement de la grande industrie – n’a lui non plus la compréhension ni la maîtrise à lui tout seul des procès de production dans lesquels il a placé son argent. Pour cela il s’attache les services de managers, ingénieurs et autres « puissances intellectuelles de la production », capitalistes « actifs » chargés de l’organiser comme production de plus-value, et qui sont en quelque sorte copropriétaires avec lui des conditions de cette production. Ils sont les agents, les fonctionnaires, du capital en fonction, du capital dans les différentes formes matérielles qu’il revêt dans le cours de son procès réel de valorisation, les financiers étant les agents du capital-argent qu’ils déplacent en fonction des perspectives de rendement maximum. Mais comme ce système leur convient, l’ensemble de ces agents du capital ne sont pas intéressés à savoir si et comment il pourrait être remplacé par un autre convenant mieux à la majorité qu’ils contribuent à exploiter, opprimer et tuer. Au contraire des prolétaires, qui doivent donc, eux, apprendre à connaître leurs ennemis et leurs racines, les causes profondes de l’existence des classes.

 

Pour y parvenir ils doivent en particulier apprendre à se débarrasser des faux amis, des idéologues qui, sous couvert d’une critique du capital, tentent de le présenter comme amendable. Ceux-là tentent de focaliser l’attention uniquement sur certaines des conséquences les plus visibles du développement du capitalisme, qu’ils présentent comme des « excès », et des manières de voyous. Ils condamnent ainsi les mouvements du capital financier, qui auraient été tout à coup « libérés » (sic !) par des gouvernements « libéraux » (re-sic !), et qui seraient responsables des krachs, des délocalisations, et autres catastrophes de la mondialisation « libérale ». Pour eux il ne s’agit pas de combattre le capital, mais de replacer ce capital trop « libéré » sous l’autorité de l’Etat, soi-disant possible représentant de l’intérêt général. Ils ne critiquent nullement le capital en fonction, ni ses agents actifs, cette technostructure des puissances intellectuelles, puisqu’aussi bien ils en font en général parti, se proposant justement aussi comme honnêtes gérants de cet Etat. Ils présentent ces agents, ils se présentent donc eux-mêmes, comme aptes par leurs qualifications diplômées, donc acquises par leurs mérites, à appliquer au mieux les nécessités dictées par la science, par la technologie, par les « lois » de l’économie.

 

Commentant un passage du De Republica d’Aristote, Marx observait déjà en son temps, alors que la division du travail (i.e. de la propriété) fondant le pouvoir de ces couches intellectuelles était moins développée qu’aujourd’hui, que « le maître (le capitaliste) ne s’affirme pas tel dans l’acquisition d’esclaves (dans la propriété du capital donnant le pouvoir d’acheter le travail), mais dans l’utilisation des esclaves (l’emploi d’ouvriers dans le procès de production). »[15] Et que ceux qui, dans la grande industrie, utilisent les ouvriers de sorte à leur faire suer le maximum de travail gratuit ce sont « les directeurs (managers) industriels »[16].

 

En conclusion, le fétichisme particulier le plus solide qui se développe avec la grande industrie est celui qui accorde à la science et à la technologie la responsabilité de la division du travail telle qu’elle est dans le capitalisme, c’est à dire du travail ouvrier dépossédé, aliéné, tel qu’il est, et de la domination qui en résulte sur l’ouvrier. Il est le plus solide parce que fondé sur des apparences présentant le caractère le plus objectif, le plus indiscutable. Ainsi la contrainte despotique qui est nécessaire pour lui extorquer le maximum de travail gratuit et pour entretenir cette exploitation, le rapport salarial qui lui est propre (lequel, comme nous l’avons vu, contribue aussi à la masquer), lui semble le fruit d’exigences objectives, cristallisées dans la machinerie « qui apparaît face à l’activité isolée insignifiante de cet ouvrier comme un organisme lui imposant sa violence….comme le pouvoir qui domine. »[17] Le nécessaire despotisme, autrefois ouvertement exercé par le capitaliste et ses gardes chiourmes paraît maintenant n’être que la contrainte technique propre au fonctionnement de cet organisme. Mais le despotisme n’est, en réalité, pas inhérent à la machinerie en soi, car elle n’est cette puissance sur les ouvriers qu’en tant que forme que prend le capital dans le procès de production. Elle ne l’est que parce que, dans cette forme, les ouvriers sont totalement exclus de la propriété de cette machinerie, de cet organisme qu’est l’usine, que parce que cette forme du capital est l’expression de la plus extrême division du travail intellectuel et du travail d’exécution (la plus extrême division de la propriété pratique des conditions du travail). Donc imputer à cette chose, la machinerie, la responsabilité du despotisme d’usine, ou des désastres écologiques, c’est en faire un fétiche, c’est ignorer le rapport social d’appropriation qui, la concevant et l’utilisant pour produire toujours plus de profits, est l’âme véritable du despotisme et des destructions.

 

Bref, la machinerie n’est tyrannique qu’en tant que capital. Dès que le capitalisme « a acquis un certain développement, son mécanisme brise toute résistance ; la présence constante d’une surpopulation relative maintient….le salaire dans des limites conformes aux besoins du capital, et la sourde pression des rapports économiques achève le despotisme du capitaliste sur le travailleur. Parfois on a bien encore recours à la contrainte, à l’emploi de la force brutale, mais ce n’est que par exception. Dans le cours ordinaire des choses, le travailleur peut être abandonné à l’action des « lois naturelles » de la société, c’est à dire à la dépendance du capital, engendrée, garantie et perpétuée par le mécanisme même de la production. »[18]

 

Comme on vient donc de le voir, les fétichismes se développent parallèlement à l’accumulation du capital. C’est que plus celle-ci progresse, et plus les différentes formes que prennent les produits du travail – les différentes formes du capital dans son procès de valorisation – se diversifient et s’autonomisent par rapport au travail (mouvement d’autonomisation qui, nous l’avons rappelé §1.1, est déjà contenu dans la forme valeur d’échange elle-même). Elles se dressent face aux prolétaires comme des conditions préalables du travail, comme des choses devenues autonomes face à eux et les dominant. Nous l’avons vu dans les formes monétaires que la valeur revêt dans les échanges, telles que argent, prix, salaire, profit, intérêt, etc. Nous venons de le voir dans l’autonomisation des conditions concrètes du travail dans le procès de production lui-même. Dans tous les cas, ce sont bien les produits de leur travail qui se dressent face aux prolétaires comme ces choses les dominants parce qu’ils sont sans cesse appropriés par la classe bourgeoise et sans cesse transformés par elle en nouveaux moyens de cette domination, et celle-ci en moyen d’exploitation. C’est leur travail gratuit qui se fait plus-value pour venir s’agglutiner au capital-argent initial reproduit, et ainsi l’augmenter, permettant alors qu’il soit reconverti en moyens supplémentaires de les asservir et de les exploiter. Et ainsi leur travail réapparaît sans cesse en face d’eux comme reproduction et perfectionnement de la machinerie, de « l’organisme productif » qui les domine comme un Maître tout puissant. Mais « tout cela » leur apparaît comme existant avant eux, hors d’eux, comme conditions objectives auxquelles ils ne peuvent que se soumettre.

 

L’ironie macabre de cette histoire est que le prolétaire participe pleinement à produire lui même le système qui l’exploite, et qui le reproduit comme prolétaire. Malgré lui, sans le savoir vraiment. Et, produisant le capital en même temps que le capital le produit, il produit aussi ces fétichismes, qui servent ensuite de fondements, jusque dans son propre cerveau, aux déferlements organisés de l’idéologie bourgeoise. Le fétiche argent comme source d’accroissement de la richesse, le fétiche profit comme rémunération du « créateur » capitaliste et de son « esprit d’entreprise », le fétiche salaire comme payant tout le travail, le fétiche technologie comme despotisme naturel, etc. Reste à rappeler un dernier puissant fétichisme, relié, comme tous les autres, au fétichisme de la marchandise, qu’il nous faut maintenant examiner : la concurrence. Comme c’est dans la circulation (phase du procès de valorisation où le capital est sous forme argent, la vente du produit et l’achat des moyens d’une nouvelle production) que se socialisent les travaux privés s’ils sont validés par la vente à un prix suffisant, et que semblent se former aussi les prix d’achat des marchandises nécessaires à un nouveau cycle de production, il semble, finalement, que tout soit déterminé par la concurrence qui règne dans cette sphère des achats et des ventes. C’est d’elle que découleraient le niveau des prix, de l’emploi, ou bien les fermetures d’entreprise, les délocalisations, etc. La concurrence devient une sorte de fétiche suprême chargé de tout expliquer, l’offre et la demande, qui travaille ou pas, et à quel prix, et pour quoi faire, et dans quelles conditions, bref d’expliquer à elle seule cette « sourde pression des rapports économiques » qui « achève le despotisme du capitaliste sur le travailleur ». Il convient plutôt de l’expliquer.



[1] K. Marx, Le Capital, ES, I, 2, p.27.

[2] Ibidem, p.24.

[3] Ibidem, p.26.

[4] Sur le concept de plus-value extra, voir Le Capital, ES, III, 2, p.11-12.

[5] Un chapitre inédit, op. cité, p.138-139.

[6] Ibidem, p.250.

[7] Ibidem.

[8] « Le caractère coopératif du travail y devient (dans l’industrie moderne) une nécessité technique dictée par la nature même de son moyen » K. Marx, Le Capital, ES, I, 2, p.71.

[9] Ibidem.

[10] D’où cette remarque de Marx : « la valeur objectivée dans la marchandise apparaît en outre comme une présupposition au regard de laquelle la force valorisante de la puissance de travail disparaît comme un infiniment petit. » (Grundrisse, ES, II, p.186).

[11] K. Marx, Le Capital, Préface de la première édition allemande, ES, I, 1, p.20.

[12] Un chapitre inédit, op. cité, p.251.

[13] « L’habileté de l’ouvrier apparaît chétive devant la science prodigieuse, les énormes forces naturelles, la grandeur du travail social incorporées au système mécanique, qui constituent la puissance du Maître. » K. Marx, Le Capital, ES, I, 2, p.105.

[14] K. Marx, Grundrisse, ES, II, p.186. Capital fixe = moyens de la production fixés dans la « machinerie » : bâtiments, machines, sciences, etc. Il est évident que si la science est ainsi enrôlée du côté du capital, ses développements sont donc aussi orientés au service de sa valorisation.

[15] Le Capital, ES, III, 2, p.49-50. Pour un développement plus complet sur ce point, voir T. Thomas, K.Marx et la transition au communisme, éd. Albatroz.

[16] Ibidem, p.51, Marx citant Ure, « ce Pindare des fabricants », pour qui ces agents « sont l’âme de l’industrie ».

[17] K. Marx, Grundrisse, ES, II, p.185.

[18] K. Marx, Le Capital, ES, I, 3, p.178.

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